Troisième épisode de la série
TITRE : « SUR LA PISTE FANTASTIQUE DE YANN HESSE », dans
« LA SIRENE DU FLEUVE CONGO »
(3ème épisode)
PERSONNAGES :
ROBERTO
MISS MARYL
SYLVESTRE
YANN HESSE
LE COMTE DE LA BOUCHE-EN-BIAIS
TOTALITARUS
JEANNETTE
HONORE
LE CHEVALIER BONCOEUR
LA SIRENE
LIEU : Sur le fleuve Congo
GENRE : Comédie Fantastique
AUTEUR : EMILIEN CASALI
casali-emilien1@orange.fr
PROTECTION SACD N°165 798
Contact : Emilien CASALI
e-mail : casali-emilien1@orange.fr
http://emiliencasali.populus.ch/
ACTE 1 / SCENE 1
SYLVESTRE, LE COMTE, MISS MARYL, ROBERTO
L’action se déroule dans le grand salon de l'hôtel Pimodan, situé au bord de l'île Saint-Louis à Paris, éclairé à son extrémité par quelques lampes. Les mûrs boisés de menuiseries peintes en blanc sont couverts à moitié de toiles rembrunies au cachet de l'époque. Dans la pièce se tient un poêle gigantesque, et sur le sol repose un tapis Persan sur lequel est placée une table basse entourée de coussins dorés. Roberto et Miss Maryl sont assis en position Lotus autour de la table basse. Roberto lit le journal et Miss Maryl médite. Le Comte, une tasse dans une main et dans l’autre sa canne, se balance sur un rocking-chair… Sur la petite table repose une théière… Roberto porte une pyramide en pendentif. De nos jours, en fin de matinée…
LE COMTE, se balance sur un rocking-chair
Pas mal, mon rocking-chair, n’est-ce pas ? Je l’ai acheté au Marché aux puces de Saint-Ouen, ce matin. (Un temps) Alors, comment trouvez-vous ma nouvelle acquisition ? C’est qu’il faut se lever tôt pour faire de bonnes affaires dans la Capitale par les temps qui courent ! Ca balance pas mal à Paris ! (Un temps) Fameux, ce thé ! Quel arôme ! C’est du jasmin ? Dites donc, vous n’êtes pas très causant, le matin, vous autre ! A moins que je vous dérange ? Voilà plus d’une heure que Monsieur Roberto n’a pas lâché son journal. Les nouvelles sont fraîches ? (Personne ne répond) Vous comptez toujours vous rendre à Londres le 21 août, Miss Maryl ? Puis-je faire parti du voyage ? Bien entendu, je me ferai très discret à vos coté.
MISS MARYL
Je vous ai dit hier soir que ce n’était pas possible. Cette réunion est « Top Secrète » ! Nous serons en petit comité, comprenez-vous ?
LE COMTE
Ah ! Tout de même ! Miss Maryl se décide à parler !
MISS MARYL
Ne deviez-vous pas aller faire une balade en bateau-mouche sur la Seine ce matin, Monsieur le Comte ?
LE COMTE
Maintenant que je suis confortablement allongé sur mon rocking-chair, il m’est très difficile de trouver plus apaisant, voyez-vous.
MISS MARYL
Le bateau mouche est très confortable aussi.
LE COMTE
Si je vous dérange, dites-le moi.
MISS MARYL
Pas le moins du monde, Christophe-Rodolphe et j’en passe ! C’est juste que le calme absolu est nécessaire pendant la méditation.
LE COMTE
C’est bien ce que je disais, je vous dérange.
MISS MARYL
Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire.
LE COMTE
Non, mais vous le pensiez.
MISS MARYL
Absolument pas.
LE COMTE
Quelle mauvaise fois !
SYLVESTRE, s’exprimant avec l’accent méridional, arrive, tenant une petite boîte en bois sculpté
Eh bé, que se passe-t-il là-dedans ? Il semblerait que ce ne soit pas le grand amour entre ces Messieurs Dames, ce matin ? (Il remet la petite boite à Roberto) Tenez, c’est pour vous, Roberto ! Un cadeau d’un admirateur. Je me demande bien ce que renferme cette petite boite ? Vous avez vu, une sirène a été sculptée sur la boite.
ROBERTO
Dites donc, Sylvestre, depuis quand déballez-vous mes cadeaux ?
SYLVESTRE
La boite a été déposée sur le palier telle quelle.
ROBERTO
Ce présent est magnifique ! (Il pose la boite à coté de lui et poursuit sa lecture)
LE COMTE
Vous connaissez la dernière, Sylvestre :
Mademoiselle pot de colle a émis le désir que je m’en aille.
MISS MARYL
Quelle mauvaise langue !
LE COMTE
J’ai horreur qu’on me cherche les noises de bons matins !
MISS MARYL
Il n’y a plus du tout moyen de méditer tranquillement chez soi.
LE COMTE, se lève de son siège
C’est clair, je suis de trop ! Adieu ! (Il sort)
MISS MARYL
Tout ça parce que je ne veux pas qu’il m’accompagne à Londres.
SYLVESTRE
Je connais bien le Comte, il languit de ne rien faire. Il a besoin d’action.
MISS MARYL
Toujours est-il qu’il en devient agaçant.
SYLVESTRE, s’assoit sur le rocking-chair et se balance
Il n’y a pas mort d’homme ! Connaissant Sa Majesté, ellereviendra lorsqu’elle sera calmée. Dites donc, c’est le pied ce truc!
FIN DE LA SCENE 1
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ACTE 1 / SCENE 2
SYLVESTRE, LE COMTE, MISS MARYL, ROBERTO
LE COMTE, revient à la charge
De toutes façons, le 21 août, je serai en voyage d’affaires.
SYLVESTRE
Tiens, qu’est-ce que je vous disais... Revoilà notre homme !
LE COMTE, vire Sylvestre du rocking-chair
Vous, Monsieur Sylvestre, je ne vous ai pas demandé l’heure qu’il est ! Poussez-vous de là ! (Puis il s’allonge sur son rocking-Chair) En voilà des façons ! C’est mon acquisition, ok ? Et que je ne vois personne s’asseoir dessus, sans quoi je l’égorge !
SYLVESTRE
En parlant d’heure… il va falloir se mettre à l’heure d’été, les amis. Il va falloir remonter la petite aiguille de sa montre d’une heure. (Il s’adresse à l’oreille de Roberto) Ohé, Roberto ! Il va falloir remonter la petite aiguille de votre montre d’une heure !
ROBERTO
Ne criez pas aussi fort dans mes oreilles, voyons ! J’ai entendu !
SYLVESTRE
Roberto est tellement obnubilé par les faits divers, ces temps-ci…
MISS MARYL
Et même qu’il s’y consacre 24 heures sur 24 !
LE COMTE
Résultat : Monsieur Roberto n’ouvre plus la bouche !
MISS MARYL
Si ce n’est pour nous saouler la tête avec des faits divers à longueur de journée. D’ailleurs, il n’a même plus 5 minutes à me consacrer. Je l’attends toujours son invitation chez « Maxim » !
SYLVESTRE
A moi, il m’avait promis une sortie au ciné pour aller voir « Terminator 5 » ! Mais il n’en fut rien.
LE COMTE
Et à moi, il m’a promis une sortie au « Moulin Rouge » ! J’ai besoin d’action, nom d’une pipe !
ROBERTO
Eh bien, mes amis, vous ne devinerez pas la dernière ?
SYLVESTRE
Ah, je l’attendais celle là ! Qu’est-ce qu’il va encore bien pouvoir nous sortir ?
ROBERTO
Ce fait divers fait la Une ces jours-ci. Et pour cause !
MISS MARYL, SYLVESTRE, LE COMTE, ensemble
Désolé ! On ne veut rien savoir ! (Tous trois se bouchent les oreilles)
ROBERTO
Figurez-vous que Yann Hesse a encore disparu de son domicile.
MISS MARYL, SYLVESTRE, LE COMTE, se débouchent les oreilles
Encore !
ROBERTO
Il n’y a pas que Monsieur le Comte qui manque d’actions !
MISS MARYL
Ah non, vous n’allez pas remettre ça !
ROBERTO, pose le journal sur la petite table
Et pourquoi pas ? Un peu d’air frais ne nous ferait pas grand mal !
LE COMTE, s’accroche à son rocking-chair
Il n’est pas question que je me sépare de mon rocking-chair !
MISS MARYL
C’est une bonne idée ! Allons nous promenez sur les Champs Elysées !
ROBERTO, place sa pyramide en pendentif sur l’article en question
J’ai mieux à vous proposer… une aventure insolite !
SYLVESTRE
Avec vous, je crains le pire !
MISS MARYL
Je regrette… la fois passée, vous m’aviez juré de ne plus vous servir du Micro-Téléportateur-Véhiculaire…
ROBERTO
On ne peut tout de même pas laisser tomber ce pauvre Yann.
LE COMTE
Ne me parlez plus de lui. Après ce qu’il m’a fait subir l’autre jour. Tout compte fait, je suggère le « Moulin Rouge » ! (Il se lève en entraînant son rocking-Chair) Que tous ceux qui m’aiment me
suivent ! J’offre le Champagne ! Eh bien, j’attends ! (Il s’immobilise)
SYLVESTRE
D’un côté, l’aventure insolite m’attire, bien que j’y mette un bémol, et de l’autre le
French Cancan arrosé de Champagne et de belles filles…
MISS MARYL, prend Sylvestre par un bras
Oubliez l’aventure insolite et le French Cancan.
ROBERTO
Nous allons décoller les amis !
Soudain la lumière ambiante s’éteint, remplacée par une lumière stroboscopique. Nos 4 protagonistes disparaissent
comme par enchantement.
FIN DE LA SCENE 2
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ACTE 1 / SCENE 3
JEANNETTE, HONORE, TOTALITARUS
Quelques temps plus tard… Par un bel après-midi… Nous sommes à présent sur le fleuve Congo à bord d’un immense radeau qui se laisse porter tranquillement par les flots… Il y a là, Honoré, allongé sur un hamac qui se ventile avec une feuille de palmier. Pendant ce temps-là, Mam’selle Jeannette remue le potage dans une marmite à l’aide d’une grosse cuillère en bois. Jeannette est assise sur une valise. Il y a une canne à pêche pas très loin. Au centre du radeau se tient un mât sculpté ayant la forme d’une femme enceinte.
JEANNETTE, remue le potage
Autrefois, la sirène voguait sur son radeau le long des berges du Fleuve Congo portant secours aux animaux égarés, piégés dans les eaux. En ce temps là elle chantait des mélodies radieuses aux oreilles du roi lionceau qui, caché dans les roseaux, était en admiration devant elle. Parfois ils leur arrivaient de jouer ensemble. Insouciants, nos deux jouvenceaux devenaient les proies des hippopotames et des crocodiles guettant leur moindre faux pas pour les dévorer. Tout le monde dans la plaine savait que la belle sirène aimait en secret le lionceau. Or, un jour, le roi des animaux quitta la plaine pour vivre la « Grande Epreuve » sur le Mont Kilimandjaro et ne revint plus jamais au Congo. Certains prétendent que le lion indomptable y laissa ses os. Toujours est-il que la sirène eut un profond chagrin qui la figea à tout jamais au mât du radeau. (Elle s’arrête de chanter et s’adresse à Honoré) Il est l’heure de passer à table, Honoré !
HONORE, se gratte le mollet gauche avec le gros orteil du pied droit
Un instant, Jeannette, je finis mon rêve éblouissant.
JEANNETTE
Tu le finiras plus tard. Viens manger ton potage, mon garçon !
HONORE
La pêche a été bonne aujourd’hui, ma soeur ?
JEANNETTE
Hélas, aujourd’hui encore le fleuve grouille de crocodiles et d’hippopotames. Les poissons sont allés se cacher.
HONORE
Pas question que je mange de l’eau chaude à la petite cuillère, aujourd’hui.
JEANNETTE
Le bouillon est au bœuf.
HONORE
Tu as mis un bœuf dans la marmite ?
JEANNETTE
J’ai mis un cube de « Bœuf Minute Soupe » dans la marmite !
HONORE
Un cube ?
JEANNETTE
Un militaire français me l’a donné à Brazzaville. C’est délicieux, tu vas adorer ! Bon, mange ton potage, mon frère, ça va refroidir !
HONORE
Ces gens sont vraiment bizarres ! Comment font-ils pour réduire un bœuf à la taille d’un cube ?
TOTALITARUS, arrive en barque à la rame, une lance qui lui traverse le cœur
Ils ont bien réduit la Tour Effel pour en faire un bibelot destiné à être vendu aux touristes. (Il grimpe sur le radeau avec un sachet de purée qu’il tient entre le pousse et l’index de la main gauche) Et vous n’avez pas tout vu, les amis ! Voici un sachet de pomme de terre réduit en poudre. C’est la classe, quoi ! Ils ont même réduit en poudre le lait et le chocolat !
HONORE
Ces gens sont vraiment bizarres !
TOTALITARUS
Il parait qu’ils ont également réduit en poudre les plantes médicinales pour que chaque habitant puisse transporter avec soi son sachet personnel. Ainsi, quand quelqu’un a des problèmes, il dilue la poudre dans un peu d’eau qu’il avale ensuite. Et hop ! Le tour est joué ! Plus de migraines, plus de maux de dents, plus de rhum, plus de maux de gorge et plus de problèmes à l’estomac. Et comme ça il voit la vie en rose ! Et si jamais tu as des problèmes pour manger, dans ce cas, tu te prends un sachet ! Tu retrouve aussitôt l’appétit, mon frère !
HONORE
Ces gens sont vraiment bizarres !
TOTALITARUS
Je ne parlerai pas non plus des chiens que l’on met en vitrine.
HONORE
Quel rapport avec les sachets en poudre ?
JEANNETTE
Le militaire m’a dit qu’il leur arrivait de mettre des femmes en vitrine.
TOTALITARUS
Ce procédé qui est en constante augmentation est beaucoup plus pratique que le tapinage sur les trottoirs. Il y a beaucoup moins de risque.
HONORE
Pire que la traite des esclaves !
JEANNETTE
Après avoir mis la viande en vitrine, ils ont fini par y mettre aussi la cuisinière.
HONORE
Ces gens sont vraiment bizarres ! Et naturellement, ils ont créé des lois pour se protéger. Petit à petit ça va finir par se propager jusqu’ici ces trucs-là.
JEANNETTE
Que veux-tu, Honoré, c’est ça le monde moderne !
TOTALITARUS
L’Afrique doit s’adapter à la mode, mon frère.
HONORE
En tous cas, moi, je ne quitterai plus jamais mon radeau. J’ai décidé de mourir sur le fleuve Congo. Plutôt me faire manger par les crocos que de vivre dans ces jungles où règne l’esclavage, la décadence et la corruption ! Tiens, voyez nos jeunes, aujourd’hui, qui ne jurent que par la modernité. Et même que ça leur monte au ciboulot ! Mais, encore faudrait-il qu’ils aient les moyens pour se payer tout ce luxe. J’en doute.
TOTALITARUS
Il ne faut pas voir tout en noir, Honoré, il y a aussi des avantages.
HONORE
Monsieur appelle avantage la course au profit, la course à l’armement, la course au nucléaire et la course au pétrole !
TOTALITARUS
L’argent, c’est le pouvoir et le pouvoir ce sont les armes ! L’argent, c’est le nerf de la guerre et la guerre, c’est pour obtenir le pétrole !
Sans cela, nous ne pourrions fabriquer des bombes nucléaires !
HONORE
C’est qu’il commence à me filer la chaire de poule, ce gars-là !
TOTALITARUS
Mais non, je plaisante !
FIN DE LA SCENE 3
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ACTE 1 / SCENE 4
JEANNETTE, HONORE, TOTALITARUS, YANN HESSE
JEANNETTE, les bras croisés
Et peut-on savoir d’où vous venez avec votre embarcation, Monsieur ?
TOTALITARUS
Je me présente, je suis le Commandant Totalitarus ! Mes respects, Madame. (Il lui fait le baisemain) J’arrive à l’instant du Bénin où j’y ai été chassé par la population. Mais ce n’est que parti remise, croyez-moi. Tôt ou tard, je finirai bien par instaurer un régime féodal en Afrique.
HONORE, toujours allongé sur son hamac
Je crois qu’on est tombé sur un barjot échappé d‘un asile d’aliénés, Jeannette ? Encore un illuminé qui se prend pour le maître du monde depuis qu’il joue aux jeux vidéo.
JEANNETTE
Si j’ai bien compris, vous êtes un indésirable. Dans ce cas, passez votre chemin, Monsieur ! Nous n’avons pas besoin de vous à bord
de notre radeau. Nous souhaitons vivre en paix !
TOTALITARUS
J’ai faim !
HONORE
C’est bien ce que je pensais, encore un pauvre crève la faim qui ère sans famille ni patrie. C’est beau le modernisme ! Une politique qui divise pour mieux régner ! Chacun pour soi ! Et
voilà ce que ça donne : des orphelins mendiants sans foi ni lois.
TOTALITARUS
Je crois qu’on ne sait pas bien compris, mon ami… J’ai faim, voilà tout !
HONORE
Cela tombe bien, Mam’selle Jeannette a préparé un potage de « Bœuf Minute Soupe ». Vous pouvez manger ma part, je fais le jeun depuis dix minutes.
JEANNETTE
Ca ne va pas bien la tête, Honoré ?
TOTALITARUS
Tu n’as rien à craindre, ma sœur, je suis simplement de passage.
JEANNETTE
Je ne veux pas d’ennui avec les rebelles, quittez ce radeau sur le champ !
TOTALITARUS, grimpe dans son embarcation
Il n’y a pas que moi qui ai faim, il y a aussi le petit. (Il soulève une couverture sous laquelle se cachait Yann Hesse, un fusil à la main)
YANN HESSE, tire un coup de feu en l’air, puis les menace
Haut les mains, tout le monde ! Que personne ne bouge ! Le commandant Totalitarus et moi avons un programme militaire à vous soumettre !
TOTALITARUS, les frappes avec une rame
Maintenant, tenez-vous sur une jambe, et que ça saute !
HONORE
Qu’est-ce qu’il nous demande de faire, jeannette ?
JEANNETTE
Il veut qu’on se tienne à cloche-pied.
HONORE, toujours allongé sur son hamac
Dis au commandant que je préfère marcher sur les mains.
TOTALITARUS, le fait tomber du hamac
Fais ce qu’on te demande, c’est un ordre !
YANN HESSE
Et maintenant, vous allez tourner autour du mât !
HONORE
Qu’est-ce qu’il nous demande de faire, Jeannette ?
JEANNETTE
Il veut qu’on tourne autour de la sirène.
HONORE, tourne autour du hamac
Dis au petit d’homme que nous n’avons pas le droit de tourner autour de la sirène, et que je préfère plutôt tourner autour de mon hamac.
YANN HESSE, s’approche de lui
Tu es sourd ? Je t’ai dit de faire le tour du mât à cloche-pied.
HONORE
C’est défendu de tourner autour de la Sainte, petit d’homme !
YANN HESSE
C’est quoi cette histoire de Sainte ?
JEANNETTE
Une légende raconte qu’on ne doit pas déranger la sirène pendant son sommeil, que seul le Lion Indomptable sera capable de la réveiller lorsqu’il redescendra du toit de l’Afrique.
TOTALITARUS
Je ne t’ai pas enrôlé dans mon armée, petit, pour que tu te laisses endormir par des contes de fées !
YANN HESSE
A vos ordres, mon commandant ! (Il tire un coup de feu en l’air) Faites le tour du mât à cloche-pied et que ça saute ! (Honoré et Jeannette tourne autour du mât à cloche-pied)
HONORE
Et quand est-ce qu’on pourra s’arrêter, petit d’homme ?
YANN HESSE
Quand tu auras achevé tes 20 tours, tu feras 50 pompes !
HONORE
Qu’est-ce qu’il nous demande de faire une fois achevé les 20 tours, Jeannette ?
JEANNETTE
Il veut qu’on fasse 50 pompes.
HONORE, tourne autour du hamac
Dis au petit d’homme qu’une petite sieste s’impose après 20 tours de piquet.
YANN HESSE, tire un coup de feu en l’air)
Au travail ! Et que ça saute !
TOTALITARUS
Tu es un brave soldat, petit ! Je ferai de toi un héros de guerre, tu as ma parole !
YANN HESSE
Dites, Commandant Totalitarus, j’ai le droit à la médaille, maintenant ?
TOTALITARUS
Tu auras la médaille seulement quand tu auras fini l’apprentissage de la guerre.
YANN HESSE
Vous verrez, j’apprendrai très vite, Commandant !
TOTALITARUS
Je t’ai à l’œil, mon petit, je t’ai à l’œil !
FIN DE LA SCENE 4
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ACTE 1 / SCENE 5
JEANNETTE, HONORE, TOTALITARUS, YANN HESSE,
ROBERTO, MISS MARYL, SYLVESTRE
Soudain une lumière stroboscopique jaillit. Miss Maryl, Roberto et Sylvestre apparaissent sur le radeau comme par enchantement. Honoré et Jeannette s’immobilisent. Roberto tient la petite boîte en bois sous le bras...
YANN HESSE, saute dans la barque et va se cacher sous la couverture
Des extra-terrestres nous attaquent, Commandant !
TOTALITARUS
Où vas-tu, idiot ? De quoi as-tu peur, voyons ?
MISS MARYL, à voix basse
Je crois bien que c’est Yann Hesse qui a sauté dans la barque, Roberto ? Vous m’entendez, Roberto ?
ROBERTO, à voix basse
J’ai déjà vu ce type quelque part, mais où ?
Roberto désigne du doigt Totalitarus
SYLVESTRE, à voix basse
Où sommes-nous exactement, les amis ?
TOTALITARUS
Sur le fleuve Congo.
SYLVESTRE
L’autre zèbre vient de m’adresser la parole. Je fais quoi ? Je lui réponds ?
TOTALITARUS
Monsieur Roberto ne se sépare jamais de sa charmante compagne, dirait-on ?
SYLVESTRE
Il vous a reconnu, les amis !
MISS MARYL, plonge dans les bras de Totalitarus
Totalitarus, le revenant ! (Elle lui fait de gros bisous sur la joue)
Finalement, vous vous êtes bien tiré d’affaire, commandant.
TOTALITARUS
Il est vrai que ce soir-là, j’ai essuyé une terrible défaite. Mais sachez bien que je n’ai perdu qu’une bataille, je n’ai pas perdu la guerre.
ROBERTO, touche la lance
Je vois que vous trimballez encore avec vous les stigmates du combat, commandant.
TOTALITARUS
Cela va sans doute vous surprendre, Roberto, mais j’ai décidé de garder cette lance plantée dans mon coeur en souvenir de la bataille.
SYLVESTRE
C’est un jobard ce type !
TOTALITARUS
Ne vous moquez pas, Monsieur ! Le jour viendra où je prendrai ma revanche. Le lion indomptable et le Chevalier Boncoeur n’auront qu’à bien se tenir.
MISS MARYL
Le combat que vous leur avez livré fût épique… Je m’en souviens comme si c’était hier.
TOTALITARUS, éclate de rire
Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! (Il tape sur l’épaule de Roberto et de Miss Maryl) combat mouvementé, en effet ! Ah ! Ah ! Ah !
MISS MARYL et ROBERTO, éclatent de rire
Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! un nouveau Waterloo !
SYLVESTRE
Peut-on savoir ce qui vous fait rire, tous les trois ?
ROBERTO
Je vous présente le commandant Totalitarus, une vieille connaissance.
MISS MARYL
Dommage que vous n’étiez pas là, Sylvestre, on s’est bien marrer, ce soir-là !
ROBERTO
Surtout au moment ou le commandant s’est pointé pour la veillée en smoking blanc avec nœud papillon.
MISS MARYL
Il dansait les claquettes à la « Fred Astaire» !
ROBERTO
Avec une baguette magique, il a fait surgir des flammes gigantesques !
TOTALITARUS, éclate de rire
Mama Karimama m’a fait tourner la tête, Sylvestre. (Il tape sur l’épaule de Roberto) Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah !
SYLVESTRE
C’est qui cette gonzesse ?
MISS MARYL et ROBERTO, éclate de rire
Eh bien, la chèvre ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah !
TOTALITARUS
Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah !
ROBERTO
Et vous ne savez pas la meilleure, Sylvestre ? Le commandant s’apprêtait à faire un coup d’état dans un hameau perdu du Bénin (1). (Voir note 1 à la fin de la scène)
MISS MARYL, ROBERTO, TOTALITARUS
Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah !
TOTALITARUS
Je suis un guerrier rebelle acharné qui pourchasse ses ennemis dans les moindres recoins.
MISS MARYL, ROBERTO
Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah !
SYLVESTRE
Elle ne vous gêne pas trop cette lance, commandant ?
TOTALITARUS
Le Chevalier Boncoeur me l’a planté comme il fallait ! Voyez plutôt, Sylvestre ! Il a visé juste et au bon endroit ! N’est-ce pas du grand art ?
Il fait plusieurs tours sur lui-même
SYLVESTRE
En somme, il s’est arrangé pour vous planter une lance dans le coeur en vous laissant vivant, afin que vous transportiez avec vous le sceau de sa victoire !
TOTALITARUS, lui tape sur l’épaule
Très astucieux de sa part, en effet ! Cependant, il y a un hic ! Je ne peux plus dormir sur le dos.
ROBERTO, pouffe de rire
Que c’est triste, le commandant ne peut plus contempler les étoiles en s’endormant.
MISS MARYL et ROBERTO
Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah !
TOTALITARUS
Ce qui ne m’empêche pas de compter les moutons dans mes rêves !
MISS MARYL et ROBERTO
Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah !
TOTALITARUS
Vous souvenez-vous du lion indomptable, les amis, et de son médiocre rugissement ?
ROBERTO
Médiocre rugissement, dites-vous ? Vous plaisantez ! Une voix de baryton !
TOTALITARUS
La preuve que non, il n’a pas été capable de faire fuir la poule !
SYLVESTRE
Quelle poule ?
MISS MARYL
Le lion indomptable était un tendre, incapable de faire du mal à une mouche ! Quant à sa queue, n’en parlons pas !
TOTALITARUS, fait du coude à Miss Maryl
Elle était si longue qu’il aurait pu se la mettre entre les oreilles.
MISS MARYL, TOTALITARUS
Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah !
SYLVESTRE
Si je suis de trop, vous me le dites, les enfants !
MISS MARYL
Vous ne pouvez pas comprendre, Sylvestre.
ROBERTO
Cette aventure s’est déroulée il y a quelques mois … Dommage que vous n’étiez pas là !
MISS MARYL
A l’époque nous survolions le Bénin en montgolfière…
ROBERTO
Le petit hameau de Terre-En-Paix, plus exactement.
TOTALITARUS
Roberto et Miss Maryl étaient suspendus à une corde d’amarrage. Et lorsque nos deux énergumènes se sont retrouvés au dessus de la case de Doyenne Nathalie, la corde s’est cassée.
MISS MARYL
Mais grâce au ciel, notre chute fut amortie par le toit.
ROBERTO
Puis Doyenne Nathalie nous a chassé de sa case illico presto.
MISS MARYL
Vous vous souvenez de la poule, commandant ?
SYLVESTRE
C’est quoi au juste cette histoire de poule ?
ROBERTO
L’omelette de Doyenne Nathalie était vraiment délicieuse !
MISS MARYL
Et l’œuf bleu ? Vous vous souvenez de l’œuf bleu ?
TOTALITARUS
Un œuf bleu, dites-vous ?
A ce moment-là, la sirène tend un œuf bleu à Roberto.
ROBERTO, se saisit de l’oeuf
Un peu comme celui-la, quoi ! (Il gobe l’œuf) Excellent, d’ailleurs !
TOTALITARUS
Quant à vous deux, vous souvenez-vous des tours du hameau à cloche-pied ?
(Note 1) Totalus fait allusion à une précédente aventure de Roberto qui a pour titre "TERRE-EN-PAIX" en lecture sur : http://augreduvent.populus.ch/
FIN DE LA SCENE 5
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ACTE 1 / SCENE 6
JEANNETTE, HONORE, TOTALITARUS,YANN HESSE, ROBERTO, MISS MARYL, SYLVESTRE, LA SIRENE,
LE CHEVALIER BONCOEUR.
La boîte en bois que tient sous son bras Roberto a doublé de volume. Jeannette ne dit mot, immobile sur un pied.
YANN HESSE, surgit de dessous la couverture
Haut les mains ! Que personne ne bouge ! (Il les menace avec son fusil)
ROBERTO
Te voilà enfin, Yann ! Tu sais, ta maman te cherche partout. Elle s’inquiète.
YANN HESSE
Quand tu la reverras, tu lui diras que je joue à la guerre avec le commandant Totalitarus, que c’est une très belle expérience à vivre.
MISS MARYL, lui tend la main
Nous sommes venus te chercher, Yann. Allez, viens, on rentre à la maison !
YANN HESSE
Recule, poulette ! Tout le monde à cloche-pied ! Pendant que je ferai mon petit besoin quotidien, vous tournerez autour de la bonne femme. Et que ça saute ! (Il dépose son fusil et se retourne pour uriner dans le fleuve) Et surtout, ne trichez pas, je vous ai à l’œil !
TOTALITARUS, s’allonge sur le hamac
Sur ce coup là, tu as été parfait, mon petit gars ! C’est sûr, je ferai de toi un bon soldat ! Continue comme ça et tu l’auras ta médaille.
Roberto, Miss Maryl et Sylvestre tournent à cloche-pied autour de Jeannette qui reste immobile sur un pied. Pendant ce temps-là, Honore prend le fusil et le jette dans le fleuve,
après quoi il s’assoit sur la valise pour remuer le potage.
SYLVESTRE
Vous savez quoi ? Je le trouve complètement fada ce môme !
YANN HESSE, continue d’uriner dans le fleuve
Fais gaffe, toi ! J’ai les yeux dans le dos ! Ne t’avise surtout pas de faire le mariole avec moi, sans quoi je t’explose la tête comme
dans le film « Terminator 5 » !
TOTALITARUS, allongé sur le hamac
Vas-y, petit, bute-le, s’il te dérange !
YANN HESSE, continue d’uriner dans le fleuve
Ne t’en fais pas, vieux ! Je vais faire comme avec la « Game Boy », je vais lui envoyer une rafale en pleine tronche à ce clown !
TOTALITARUS
Fais ce que tu veux, petit ! De toute façon, je n’avais pas l’intention de réclamer une rançon pour lui.
YANN HESSE
Tu as raison, mon pote, ce clown ne vaut pas un dollar. Mais en revanche, Roberto est une vedette en occident. On va se faire une fortune avec lui. (Puis il se retourne) A plat ventre, Monsieur Sylvestre, l’heure du glas à sonner ! (Il se saisit d’une rame et la pointe sur Sylvestre)
SYLVESTRE, s’agenouille et baisse la tête
C’est bien ce que je disais, il est fada ce môme !
MISS MARYL
Vous n’avez pas l’intention de le tuer, jeune homme ?
YANN HESSE, lui pointe la rame sur la tempe
Fais ta prière, Sylvestre !
ROBERTO
Ne fais pas l’idiot, Yann !
TOTALITARUS, toujours allongé sur le hamac
Ne te laisse pas faire, petit ! Vas-y, bute le clown !
YANN HESSE
Pousse-toi, Roberto ! (Il fait tomber la boite en bois avec la rame)
Je vais lui exploser la tête à l’autre mariole.
En tombant sur le sol, la boite triple de volume.
LE CHEVALIER BONCOEUR, sort de la boite
Vous auriez pu faire attention, les enfants, maintenant j’ai une grosse bosse sur la tête !
SYLVESTRE
Ca par exemple ! Mais d’où sort-il, ce zèbre ?
LE CHEVALIER BONCOEUR, fait une révérence
Chevalier Boncoeur ! Pour vous servir, mes amis ! Je suis comme le génie, j’apparais automatiquement lorsque vous êtes en danger.
TOTALITARUS
Chevalier Boncoeur !
LE CHEVALIER BONCOEUR
Alors, comme ça, Totalitarus vous fait des misères ! Vous permettez, Commandant… je reprends ce qui m’appartient.
Il s’approche de Totalitarus et lui arrache la lance
TOTALITARUS, tombe du hamac
L’heure de la vengeance a sonné ! (Il se saisit d’une rame)
LE CHEVALIER BONCOEUR
Je te remercie d’avoir pris soin de ma lance, Totalitarus.
TOTALITARUS
Dis donc, Chevalier, depuis quand me tutoies-tu ?
LE CHEVALIER BONCOEUR
Nous serons deux maintenant !
TOTALITARUS, s’apprête à le frapper avec la rame
A la charge !
LE CHEVALIER BONCOEUR, lance de la poudre
Ne crois pas si bien dire, Commandant !
La rame rapetisse
TOTALITARUS, interloqué devant la rame miniaturisée
Qu’est-ce que ça veut dire ?
LE CHEVALIER BONCOEUR
Et tu n’as pas tout vu encore, misérable parasite !
Il lance de la poudre . Aussitôt le radeau et tous les membres de l’équipage rétrécissent à leur tour et la lance du Chevalier semble géante à ses côtés.
YANN HESSE s’adressant au Chevalier
Et bien, c’est tout ce que tu as trouvé ? Tout ce délire pour agrandir ta lance ?
TOTALITARUS
Il va nous en falloir beaucoup plus pour être impressionnés. Chevalier.
LE CHEVALIER BONCOEUR
Zut alors !
YANN HESSE
L’un se prend pour Napoléon et l’autre pour Madjax le magicien. Vous êtes vraiment ringards, les mecs !
Il se tient contre le mât (La sirène)
SYLVESTRE, avec un pied énorme
Dites, Chevalier, c’est normal que j’aie un pied aussi énorme ?
ROBERTO, avec une main énorme
Et moi, comment se fait-il que j’aie une aussi grosse main ?
LE CHEVALIER BONCOEUR
Zut alors ! Navré, mes amis ! A vrai dire, je voulais rétrécir le commandant. Je ne comprends vraiment pas ce qui arrive ?
YANN HESSE
Ton tour n’est pas encore au point, mon pote. Remboursé !
TOTALITARUS
Remballe tes gaules, Chevalier ! (Il s’allonge sur le hamac) Quand tu seras prêt pour faire la guerre, fais-moi signe !
SYLVESTRE, s’adresse au Chevalier
Rendez-moi mon pied, immédiatement, Chevalier !
MISS MARYL
Du calme, Sylvestre !
LE CHEVALIER BONCOEUR
A vrai dire, le pied et la main sont grandeurs nature.
SYLVESTRE
Vous voulez dire que vous nous avez réduit en lilliputiens ?
LE CHEVALIER BONCOEUR
Hélas, j’en ai bien peur.
SYLVESTRE, lui tire l’oreille
Tu vas me le payer cher, grand couillon !
ROBERTO, les yeux collés sur son énorme main
De quoi ai-je l’air à présent ? Je vais faire comment pour signer mes autographes ?
SYLVESTRE
Trouvez une solution rapidement, Chevalier !
MISS MARYL
Laissez-le tranquille, Sylvestre, il ne l’a pas fait exprès !
SYLVESTRE
Et mon œil !
LE CHEVALIER
Je vais faire tout mon possible… ne vous inquiétez pas… ça va s’arranger ! (Il fouille dans sa poche) Zut alors ! Je n’ai plus de poudre !
SYLVESTRE
Eh bé, on est mal barré, les amis ! Vraiment, je me demande ce que je suis venu faire dans cette galère ?
Soudain, un hippopotame surgit la gueule grande
ouverte et dévore le radeau avec tout l’équipage.
FIN DE LA SCENE 6
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ACTE 1 / SCENE 7
JEANNETTE, HONORE, TOTALITARUS, YANN HESSE, ROBERTO, MISS MARYL, SYLVESTRE, LE COMTE,
LA SIRENE, LE CHEVALIER BONCOEUR
Quelques instants plus tard, dans l’estomac de l’Hippopotame. Il fait noir.
TOTALITARUS, toujours affalé dans le hamac
La nuit est tombée très vite, dirait-on ? Quelqu’un pourrait-il nous éclairer ?
La sirène tient une lanterne qui éclaire progressivement l’estomac de l’animal dans lequel sont réfugiés le radeau et tout l’équipage. Jeannette est encore immobilisée sur un pied et Sylvestre tient toujours le Chevalier Boncoeur par l’oreille.
ROBERTO, se saisit de la lanterne tout en s’adressant à la sirène
Je vous remercie, mademoiselle ! Voyons voir… Où sommes-nous ? (Roberto porte une queue de lion qui a poussé entre temps)
MISS MARYL, une oreille collée contre la paroi
C’est curieux, la paroi vibre.
LE CHEVALIER BONCOEUR
Je crois bien que la bête nous a mangé tout cru ?
SYLVESTRE
Quelle bête ? Tu vas parler ?
MISS MARYL
J’entends battre son cœur.
ROBERTO
Là ! Au dessus ! J’aperçois une galerie !
LE CHEVALIER BONCOEUR
Ce n’est pas une galerie, c’est sa gorge !
SYLVESTRE
Dis donc, on peut savoir dans quoi tu nous as fourré, toi ?
MISS MARYL, prend Sylvestre par le bras
Cela suffit, lâchez-le !
Soudain une lumière stroboscopique jaillit instantanément. Le Comte apparaît.
LE COMTE, en robe de chambre, tenant sa canne en main
Ah, vous voilà, bande d’idiots ! Je vous cherchais partout !
SYLVESTRE
Ca, par exemple ! Ne me dites pas que c’est vous, Monsieur le Comte ? Dieu soit loué ! (Il s’agenouille à ses pieds)
MISS MARYL, s’agenouille à ses pieds
Dieu soit loué !
ROBERTO, s’agenouille à son tour à ses pieds
Dieu soit loué !
LE CHEVALIER BONCOEUR, s’agenouille à ses pieds également
Dieu soit loué !
LE COMTE
Relevez-vous, voyons, je ne suis pas le messie !
SYLVESTRE, lui baise les pieds
La vie est belle, Majesté ?
LE COMTE
Je parie que vous vous êtes encore fourrés dans un drôle de pétrin !
ROBERTO
Qu’est-ce qui vous fait dire cela, Monsieur le Comte ?
SYLVESTRE, s’agrippe à sa robe de chambre
Je vous aime, je vous aime, je vous aime !!! Dieu soit loué ! Vous êtes apparu !
LE COMTE
Je n’ai pas souvenir que vous m’ayez autant adulé naguère. Que se passe-t-il exactement ? Où sommes-nous ?
TOTALITARUS, sort un revolver de sa poche et descend du hamac
Nous sommes emprisonnés dans l’estomac de la bête ! Haut les mains !
LE COMTE, repousse délicatement l’arme
Qu’est-ce que ça signifie ? Qui êtes-vous, Monsieur ?
TOTALITARUS
Je suis Totalitarus, commandant de l’armée rebelle ! (Il tend la main au Comte)
LE COMTE
Oui, et bien, cela me fait une belle jambe ! Vous voulez bien ranger votre pistolet à eau, s’il vous plait. Je ne suis point d’humeur à plaisanter, aujourd’hui. Voyez-vous, mon cher, j’ai été téléporté au bout de la galaxie… enfin, bref, ce fut un calvaire ! Je suis épuisé ! Et puis, je ne pensais plus retrouver mes amis. (Il repousse Sylvestre agrippé à sa robe de chambre)
Lâchez-moi les baskets, espèce de clown !
SYLVESTRE, le saisit par le col
Que quiconque ne s’avise plus jamais de me traiter de clown, sans quoi je lui arrache une oreille ! C’est compris ?
LE COMTE, lui retire la main
Vous permettez… je n’ai pas tout à fait terminé.
TOTALITARUS, la main tendue
Enchanté de faire votre connaissance, Monsieur.
LE COMTE
Permettez-moi de me présenter : je suis Christophe Rodolphe David Miguel Charles Henri René Christian Bernard Ange de la Bouche-En-Biais, Comte de Maison-Du-Bois Doré. (Il lui fait le baisemain) Mes hommages, Commandant!
TOTALITARUS, lui assène un coup de crosse sur la tête qui l’assomme
Tu vas la fermer ta grande bouche, Christophe « je ne sais trop quoi » ! Allez, maintenant, tous en piste ! (Il pointe son arme sur
tout le monde) 50 pompes ! Et que ça saute !
Tout le monde fait des pompes.
FIN DE LA SCENE 7
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ACTE 1 / SCENE 8
JEANNETTE
A présent, je peux baisser le pied, commandant ?
TOTALITARUS
A genou, ma sœur ! Pas un mot, m’entends-tu ? Prends ce flingue, petit, et explose lui la tête comme dans « Terminator 5 » ! (Il tend son arme à Yann) Tu peux le faire et tu dois le faire !
YANN HESSE, repousse l’arme
Il en a plein la casquette le petit ! Allez, ciao, tout le monde ! J’ai réfléchi, je retourne chez ma mère.
TOTALITARUS, le saisit par le bras
Tu n’as pas le droit de déserter !
YANN HESSE
A quoi bon rester, puisque je n’aurai pas le droit à ma médaille !
TOTALITARUS
Ne raconte pas de bêtises ! Bien sûr que tu l’auras ta médaille et d’ailleurs, pas plus tard que maintenant !
YANN HESSE
C’est vrai ?
TOTALITARUS
Laisse-moi réparer cet oubli ! (Il sort une médaille de sa poche et lui passe autour du cou) Regarde ! Comment la trouves-tu ?
Le Comte s’allonge sur le hamac
YANN HESSE, contemple la médaille
Bof ! Bof ! Bof !
TOTALITARUS
Comment ? Tu ne la trouves pas belle ?
YANN HESSE
Ta médaille, c’est du toc !
TOTALITARUS, le secoue violemment
T’es fada ou quoi ? C’est une médaille en or d’une valeur inestimable qu’a reçu Zinedine Zidane à la coupe du monde 98 !
YANN HESSE
Tu te moques de moi, il n’y a pas la marque ! Ce n’est pas écrit « NIKE » dessus ?
TOTALITARUS
Je n’allais quand même pas graver « NIKE » sur la médaille, rien que pour tes beaux yeux !
YANN HESSE
Ca fait beaucoup plus chic, mon pote !
TOTALITARUS
Et pourquoi pas « Pepsi Cola », tant qu’on y est ? Je vais le buter ce petit ! Je vais le buter ! Je vais le buter ! (Il marmonne entre
ses dents tout en le secouant)
ROBERTO, qui s’est relevé entre temps, lui tape sur l’épaule
Un coup de mains, Commandant ?
TOTALITARUS, secoue Yann
Ca va aller, merci. Je vais le buter ! Je vais le buter !
JEANNETTE, sert la soupe
Mangez votre soupe Roberto, elle va refroidir ! Toi aussi, Honoré !
HONORE, continue de faire ses pompes
Un instant, je n’en suis qu’à la 30ième pompes !
SYLVESTRE
Vous avez tort, mon ami, il est fameux ce potage !
LE CHEVALIER
Vraiment fameux ce « Bœuf Minute Soupe » !
LE COMTE
J’accepte volontiers, Monsieur Sylvestre !
SYLVESTRE, lui tend un bol de soupe
Il suffisait de demander, Majesté !
LE COMTE, se saisit du bol
Je préfère le hamac au rocking-chair ! Pas vous ?
TOTALITARUS, menace Yann avec son arme
A cloche-pied, petit ! Fais le tour du piquet, immédiatement !
MISS MARYL, lui tend un bol de soupe sur son passage
Un bol de soupe, Commandant ?
TOTALITARUS, marmonne entre ses dents
Non merci. (Il tourne à cloche-pied autour de la sirène avec Yann qu’il menace avec son arme) Je vais le buter ! Je vais le buter !
YANN HESSE
Ne crois pas que tu m’impressionnes avec ton pistolet à eau, mon pote ! (Il tourne autour du hamac suivi de Totalitarus à cloche-pied)
LE COMTE, lui tend le bol
Vous prendrez bien un potage avec nous, Commandant ?
Soudain, tout le monde disparaît comme par magie, sauf Roberto, Jeannette, la Sirène et Totalitarus qui tournent autour du hamac à cloche-pied
FIN DE LA SCENE 8
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EPILOGUE
JEANNETTE, TOTALITARUS, LA SIRENE, ROBERTO
La sirène s’est allongée… Totalitarus tourne autour du hamac.
JEANNETTE
La sirène était plongée depuis longtemps dans un profond sommeil. Elle attendait son prince charmant qui ne redescendait plus de la montagne…
Roberto pousse un énorme rugissement.
JEANNETTE, tend l’oreille
Mais que se passe-t-il ? J’entends rugir à nouveau le lion dans la plaine ! Serait-il de retour ?
ROBERTO, se métamorphose en lion
Réveille-toi de ce long sommeil, ma douce et tendre sirène ! (Il s’approche de la sirène et s’accroupit) Je suis de retour ! C’est moi
le Lion Indomptable ! J’arrive à l’instant du Mont Kilimandjaro.
LA SIRENE, ouvre les yeux
As-tu réussi la « Grande Epreuve », Lion Indomptable ?
ROBERTO sous les traits du lion Indomptable
J’ai franchi toutes les étapes, traversé tous les sentiers, franchi les grands glaciers. Et enfin, je me suis rendu sur le « Pic de la Liberté » pour y récupérer cette couronne ! (Il fait apparaître une couronne) Veux-tu devenir ma reine ?
LA SIRENE
J’accepte, à condition que tu restes à mes cotés pour toujours.
ROBERTO, l’aide à se relever
Partons d’ici !
LA SIRENE
Où m’emmènes-tu ?
ROBERTO, quitte les lieux avec la sirène main dans la main
Rendons-nous sur les berges du fleuve Congo pour y reprendre nos petits jeux d’amoureux comme autrefois.
Puis ils disparaissent. Totalitarus continue de tourner autour du hamac à cloche-pied
JEANNETTE
De son coté, Totalitarus fut condamné à tourner autour du hamac à cloche-pied toute sa vie durant. Honoré retourna dans la plaine pour se marier et eut beaucoup d’enfants. (Elle soulève la valise) Quant à moi… Eh bien, je me suis rendu dans une Mission au Venezuela afin de venir en aide aux petits indiens.
FIN DE L’EPILOGUE
A suivre dans le 4ième épisode intitulé :
LE PAON ENCHANTE